Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 43 —

Les derniers temps, elle était toujours flanquée de ce garçon. On ne pouvait plus l’approcher.

Germaine laissa le père entrer seul auprès de sa fille, et un instant elle prêta une oreille attentive à l’entretien dont elle ne saisissait qu’une rumeur confuse. Elle avait craint que les explosions de chagrin de la petite fille, qu’elle avait eu tant de peine à calmer le matin, ne recommençassent à la vue de Philippe. Mais non. Le dialogue se poursuivait paisible, amical.

Dehors, le vent de pluie se faisait plus bruyant, il sifflait à travers les arbres lugubrement, mais Germaine, distraite, l’entendait à peine. Le dos appuyé au mur, elle s’abandonnait à la joie. Elle ne se souvenait pas d’avoir goûté, même dans les premiers temps de son mariage, une pareille plénitude d’âme, un silence aussi complet de tout ce qui n’était pas sa vivante passion. Lucien avait disparu et Philippe lui avait souri de l’ancien sourire aimant !

Dans la chambre, peu à peu, la causerie du père et de la fille s’animait. Par moment, Germaine étonnée entendait la voix d’enfant résonner en phrases brèves, saccadées, et la