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basse de Philippe répliquer avec animation. Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien se dire pendant si longtemps ?

Tout à coup, du dialogue jusque-là insaisissable, un nom se détacha, net et bref. À plusieurs reprises, Isabelle le répéta : « Lucien ». Les deux syllabes distinctes résonnèrent aux oreilles de Germaine comme un son de clairon. Elle tressaillit et dans tous ses détails la scène récente du départ de son fils d’adoption repassa sous ses yeux.

Tout bas, à la dernière minute, elle l’avait interrogé sérieusement à l’oreille :

— Lucien, mon enfant, est-ce vrai que vous voulez vous en aller ? Dites-le moi encore une fois. C’est vous qui voulez vous en aller, n’est-ce pas ?

La pâleur du jeune garçon l’épouvantait ; elle était restée suspendue à ses lèvres, haletante d’anxiété. S’il allait faiblir à cette minute décisive, ce serait l’ancienne vie à recommencer avec plus de heurts et de frottements qu’auparavant. Mais tout de suite Lucien avait prononcé des mots rassurants. Il avait dit d’un ton ferme :

— C’est moi, oui, c’est moi qui veux m’en aller !