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moi, n’est-ce pas, si cet enfant n’a pas trouvé auprès de sa mère adoptive un bonheur suffisant à lui faire oublier les contrariétés, les petits ennuis qui se trouvent sur le chemin de chacun ? Moi, je me fiais à la sollicitude de Germaine ; j’y croyais fermement. Quand je l’ai vue consentir à ce départ sans protester, j’ai cru que le désir exprimé par ce garçon était sincère. Pourquoi en aurais-je douté ? Mais aujourd’hui, vraiment, je ne sais plus… Et pour Germaine, c’est comme si cet enfant n’avait jamais existé. Elle ne perd pas un instant de vue son désir personnel. Elle ne pense pas une seconde à autre chose, et elle me poursuit de comparaisons désagréables entre le passé et le présent. Cela m’exaspère à la fin !

Jacques garda quelques secondes un silence pensif. À travers les mots, il venait d’entrevoir clairement l’incapacité de Germaine à faire plier la volonté de son mari devant ses caprices. L’irritation de Philippe cachait donc autre chose que ce que ses paroles exprimaient, et l’ami, surpris, luttait pour dissimuler sa pénible impression. N’était-ce pas à Philippe qu’il devait d’avoir pu offrir à sa mère un asile et du pain ? Dans le doute où il se trou-