Aller au contenu

Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
notes d’un condamné politique.

cependant, d’y prendre part, à cause de la défense faite par le clergé, qui luttait avec un courage admirable contre les entraînements du temps, bravant l’impopularité au dehors et, au dedans, faisant céder au devoir et à la raison les sympathies du cœur, les liaisons du sang, les élans de l’amour du pays et de la nationalité.

L’organisation dans ma paroisse, à laquelle je n’avais pas pris une grande part, consistait, tout bonnement, dans la promesse d’un certain nombre de se rendre en armes à l’appel des chefs alors encore à peine désignés. Quant à notre armement, il ne demandait pas un gros train d’équipages pour son transport : quelques centaines de cartouches et une petite quantité de poudre et de plomb composaient notre dépôt de munitions. Notre parc d’artillerie comptait seulement six canons de bois cerclés de fer : nos partisans pouvaient réunir environ cent fusils de chasse, dont la plupart dataient du temps des Français ; les autres étaient armés de fourches de fer, en guise de piques, et de faux transformées en sabres.

C’est ainsi équipés, moins les canons qui ne pouvaient guère se prêter aux exigences du transport, que les contingents des paroisses Sainte-Martine, Saint-Timothée et Beauharnais se réunirent au village de Beauharnais, dans la nuit du 3 au 4 Novembre.

À quatre heures du matin, nous étions là rassemblés au nombre d’environ 600 hommes, dont moitié étaient armés de fusils, et le reste,