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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/13

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notes d’un condamné politique.

vapeur qui, en fort peu de temps, se trouva envahi par environ cent cinquante patriotes en armes.

Il n’y avait à bord, en fait de militaires, que deux officiers anglais, chargés, sans doute, de quelque mission à laquelle nous n’étions pas tout à fait étrangers, et nulle résistance ne nous fut offerte.

Il serait difficile de peindre la confusion qui se fît parmi les passagers, encore presque tous au lit et endormis, quand le bruit des pas de nos gens vint les tirer de leur sommeil : les hommes s’étant vêtus à la hâte demandaient ce que tout cela voulait dire, et les femmes, en robe de nuit, couraient, implorant pitié de la part de tous ces gens armés.

Je m’étais hâté de me mettre en rapport avec le capitaine du bateau, que je connaissais, pour lui dire de réunir son monde afin de leur communiquer que nul danger ne les menaçait, ni dans leurs personnes ni dans leurs propriétés, et de leur expliquer la cause de cet acte de violence dont ils étaient accidentellement l’objet.

Le calme se rétablit bientôt, et quand le capitaine m’informa que les passagers avaient fini leur toilette, je me rendis auprès d’eux pour leur offrir l’hospitalité au village des patriotes. Une vingtaine de passagers, dames et messieurs, y compris les deux officiers, furent conduits chez M. le curé Quintal, qui les reçut de son mieux ; les autres furent logés à l’hôtel Provost situé près du débarcadère.