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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/14

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notes d’un condamné politique.

Avant l’arrivée à Beauharnais des contingents de Sainte-Martine et de Saint-Timothée, on avait opéré l’arrestation de l’honorable monsieur Ellice, seigneur de Beauharnais, récemment arrivé d’Angleterre, et d’autres personnes connues pour fermes soutiens du gouvernement ; tous avaient été envoyés sous escorte à trois lieues de distance, dans la paroisse de Châteauguay.

Pour ma part, j’étais on ne peut plus peiné de ces détentions, mais, d’un autre côté, on avouera qu’elles étaient nécessaires au succès de la cause que nous défendions, et constituaient, sous les circonstances, une mesure de précaution indispensable.

Désirant rendre cette mesure aussi tolérable que possible aux personnes auxquelles on l’appliquait, je me rendis auprès de madame Ellice, qui avait avec elle une autre dame qu’on m’a dit être sa sœur, pour l’assurer que son mari et ses compagnons de captivité ne courraient aucun danger, et pour lui offrir toutes les consolations en notre pouvoir. Ces dames, ayant exprimé le désir de se réfugier au presbytère de Beauharnais, six des cultivateurs les plus respectables furent chargés de les y accompagner, en même temps que nous placions une garde régulière au manoir pour mettre les propriétés à l’abri de toute atteinte. Un courrier fut accordé à madame Ellice pour qu’elle pût communiquer avec son mari, et tous les jours nos prisonniers échangeaient des nouvelles avec les dames de leurs familles laissées à Beauharnais : en un mot tout