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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/188

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notes d’un condamné politique.

bientôt, nous fûmes tous réunis pour contempler les ruines de notre établissement. La case était en cendres ; à la vérité, ce n’était pas une grosse perte : en deux jours elle était remplacée par une autre tout aussi grande et tout aussi commode. Mais il y avait des pertes, une grande partie du bois préparé par nos compagnon avait été brûlée ; ils avaient même perdu quelques effets et provisions, déposés dans une petite clairière, parce que la distance de la cabane à la ravine était assez considérable, mais nos amis avaient fait des épargnes importantes, et ils pouvaient supporter ce petit désastre.

Pour nous, nous n’avions rien perdu : les seules choses que nous eussions à perdre, nos peaux, nos deux couvertures et nos lattes étaient sauvées.

J’oubliais de dire, ce que le lecteur au reste a dû deviner, qu’aucun de nous ne fut atteint dans sa personne : un seul ressentit une incommodité momentanée qui lui fit perdre connaissance, pour s’être trop exposé à la fumée et à la chaleur dans le travail de sauvetage du bois de charpente.

Mon associé, dans le moment, se trouva tout-à-fait dégoûté de la vie des bois et du métier de fabricant de lattes ; nous résolûmes donc de chercher une autre occupation. Notre dernier chargement opéré, nous dîmes adieu à nos compagnons, que, pour ma part, je laissais à grand regret, et nous nous embarquâmes de nouveau