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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/22

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notes d’un condamné politique.

sa voix de tonnerre et du haut de sa grande taille : — En avant !…

À ce cri répondirent, par un hourra ! nos cinq cents voix, puis de suite nous nous élançâmes à travers champs dans la direction des troupes en criant : — Victoire !

Nous courions sur l’ennemi en le prenant en écharpe, et nous fîmes une décharge qui ne doit pas avoir eu grand effet, étant tirée de trop loin ; mais ce bruit joint aux cris que poussèrent, en apparaissant, nos bandes dont l’ennemi ignorait le nombre, qu’il s’exagérait sans doute, eut l’effet de créer une certaine panique, dont nous profitâmes pour recharger nos armes sans ralentir nos cris et à peine notre course.

Une décharge générale mal dirigée des troupes fit siffler au-dessus de nos têtes une grêle de balles, dont pas un de nous fut atteint, pas plus que des autres décharges qui suivirent. Pendant ce temps-là, nous courions toujours, à travers les guérets, les fossés et les clôtures, tirant à volonté, avec un certain effet comme nous le sûmes un peu plus tard.

Enfin, nous allions toucher l’ennemi, lorsqu’une dernière décharge, accompagnée d’un redoublement de cris, acheva de le démoraliser et nous le vîmes prendre la fuite, emportant deux morts et plusieurs blessés, d’après ce que nous remarquâmes nous-mêmes et les informations que nous reçûmes plus tard des gens du voisinage.

Nos gens se mettaient déjà à la poursuite sur