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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/23

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notes d’un condamné politique.

le chemin, lorsque le Dr Perrigo, qui nous avait rejoints au bruit de la première volée, s’avança jusqu’aux premiers rangs donnant partout l’ordre de s’arrêter.

Sans doute que notre commandant redoutait, avec raison, un retour offensif de la part de soldats armés de bayonnettes contre nos hommes qui n’en avaient pas ; probablement ne pouvait-il s’expliquer la retraite précipitée des troupes autrement qu’en supposant, dans ce mouvement, une ruse imaginée pour nous amener à une rencontre corps à corps, à armes tout à fait inégales. Quoiqu’il en soit des opinions de notre chef alors et du motif de la retraite de l’ennemi, nous n’obéîmes qu’à grand regret à l’injonction de notre commandant, et plusieurs d’entre nous, entre autres Chevalier de Lorimier, lui en firent sur le champ de sanglants reproches.

L’ennemi, qui comptait quelques centaines d’hommes, mais pas huit cents comme on nous l’avait dit, observé par des hommes chargés de ce soin, était bien en retraite : nous rejoignîmes alors nos quartiers de résidence au camp, dont les logements étaient les maisons et les granges de MM. Baker, Vallée et autres cultivateurs établis à la fourche des quatre chemins.

Il faisait froid ce jour-là et il neigeait un peu ; la tristesse de l’atmosphère était en harmonie avec notre mécontentement de n’avoir pas profité d’une victoire, acquise sans sacrifice de notre part, et qui aurait pu, selon nous, nous fournir des armes et des munitions en abondance.