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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/25

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notes d’un condamné politique.

Malgré tout, comme nous n’avions pas reçu d’ordre de mettre un terme à toute tentative de résistance, nous résolûmes de tenir bon aussi longtemps que possible.

À trois heures de l’après-midi, un messager vint nous apprendre qu’un corps d’armée qu’on estimait à 1,200 hommes, composé de réguliers et de volontaires de Glengarry, qu’on disait traîner avec lui six pièces d’artillerie, avait traversé le fleuve au pied du lac Saint-François et marchait sur Beauharnais.

À la réception de cette nouvelle, nous nous mîmes à faire à la hâte nos dispositions pour marcher à la rencontre des troupes, sans songer même, pour le moment, à la folie je puis dire d’une semblable idée. Je donnai l’ordre à un certain nombre d’hommes de garder le village et nos prisonniers, et nous nous mîmes de suite en marche vers Saint-Timothée (ma paroisse), par où venaient les troupes, traînant avec nous quatre canons de bois montés sur des affûts improvisés.

J’avais envoyé tout d’abord en avant un parti d’hommes, chargé de surveiller les mouvements de l’ennemi et de détruire un pont situé sur une profonde ravine qui coupe le chemin entre les paroisses de Saint-Thimothée et de Beauharnais. Nous rencontrâmes ce parti à trois quarts de lieue du village de Beauharnais ; il nous rapporta que les troupes étaient engagées sur le pont, lors de son arrivée en cet endroit, et que par conséquent elles ne tarderaient pas à se présenter devant nous ; car nous n’étions en ce