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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/43

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notes d’un condamné politique.

Le soir madame Papin, de Lachine, accompagnée de sa fille, vint nous apporter des provisions préparées de leurs mains charitables, et nous donner de bonnes paroles de sympathie et de consolation, dont Dieu leur tiendra bon compte au jour des récompenses des bonnes actions.

Le lendemain matin, nous nous mîmes en route pour Montréal, escortés par des soldats d’un régiment écossais, dont les musiciens nous ennuyèrent de la musique de leurs cornemuses pendant presque tout le trajet. À notre entrée dans le Faubourg des Récollets, cette musique fit place à un concert d’injures, de malédictions et de menaces, organisé par une populace ennemie, dont les cris de — Shoot them ! Hang them ! (Tuez-les ! Pendez-les !) nous accompagnèrent jusqu’à la Pointe-à-Callières, où l’on nous logea dans un hangar érigé en prison, où déjà un très grand nombre de prisonniers étaient entassés. On avait barricadé les fenêtres, érigé des latrines sans égout à l’intérieur, et établi des poêles pour cuire les aliments… Il est facile d’imaginer quel air nous respirions dans ce taudis.

Le troisième jour de notre détention dans cet endroit, M. de Saint-Ours, alors shérif de Montréal, vint nous rendre visite, et, voyant l’état déplorable dans lequel nous étions, prit sur lui de faire enlever les barricades des fenêtres qui interceptaient le passage de l’air et de la lumière ;