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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/46

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notes d’un condamné politique.

l’incompétence du tribunal et l’illégalité des procédés. On sait que les douze exécutions qui ont eu lieu en vertu des condamnations de ce tribunal exceptionnel et arbitrairement établi ont été qualifiés de meurtres judiciaires par des jurisconsultes distingués du parlement anglais.

On ne devra pas s’étonner de ne pas voir de noms canadiens-français ajoutée à ceux de nos défenseurs devant la cour martiale : la raison en est que le nom canadien étant de soi suspect aux yeux des autorités du jour, des compatriotes nous eussent fait plus de mal que de bien, par le fait seul de leur origine. On en eut la preuve dans la manière dont furent reçus MM. Féréol Pelletier et R. A. R. Hubert par quelques membres du tribunal qui nous jugeait, dans une tentative d’intervention en faveur des accusés : on leur répondit, m’a-t-on dit, ces mots : — « Des rebelles qui défendent des rebelles. »

Quand je dis un mot en passant sur la compétence du tribunal devant lequel nous étions appelés à comparaître, je n’entends pas trouver extraordinaire qu’on nous ait fait un procès, ni même m’élever contre les sentences en tant que liées avec les faits ; mais j’entends dire que l’on violait les droits garantis par ces mêmes lois qu’on nous accusait d’avoir voulu renverser… Au reste, c’est un résultat à peu près inévitable de toute révolution et, pour ma part, en posant l’acte j’en avais accepté toutes les conséquences :