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Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/71

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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

mier sortit du cachot, et, s’adressant à tous les prisonniers, leur demanda de dire en commun la prière du matin. Ce fut lui-même qui la fit d’une voix haute, ferme et bien accentuée. À l’invitation de De Lorimier, Hindenlang, qui jusque-là était resté dans sa cellule, en sortit et se joignit à nous, pour assister à la prière : il ne se mit pas à genoux comme les autres, mais il se tint tout le temps debout la tête inclinée en avant et les mains jointes sur la poitrine. Oh ! comme nous le plaignîmes alors, et comme nous remerciâmes Dieu de nous avoir fait la grâce d’appartenir à son Église sainte !

À la suite de la prière, les deux condamnés prirent une tasse de café.

J’avais demandé à nos infortunés amis de me laisser comme souvenir quelque chose venant directement d’eux, ce fut alors que chacun me remit une mèche de ses cheveux ; ceux de De Lorimier étaient contenus dans un billet dont voici la copie.

« Prison de Montréal,
15 Février 1839.
« Cher Prieur,

« Vous me demandez un mot pour souvenir ; cher ami, que voulez que je vous écrive, je pars, pour l’échafaud. Soyez courageux et je meurs votre ami.

« Adieu.
Chevalier de Lorimier. »