Aller au contenu

Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

accompagné de quelques officiers militaires, de plusieurs soldats et d’un bon nombre de curieux, vint chercher les deux victimes. De Lorimier, en voyant approcher ce cortège, dit au geôlier d’une voix ferme : — « Je suis prêt ! » Il m’embrassa, salua tous les amis, auxquels il avait déjà dit adieu, et partit avec son compagnon Hindenlang.

J’ai dit que leurs trois compagnons d’échafaud étaient logés dans une autre partie de la prison, de sorte que je ne pus avoir avec eux aucun rapport.

Le bon prêtre qui assistait De Lorimier nous avait recommandé de prier pendant l’exécution, ce que nous fîmes avec toute la ferveur dont nous étions capables. La religion est toujours vraie pour les bons cœurs et les esprits droits ; mais c’est surtout en face de la mort que ce caractère de vérité brille de tout son éclat.

Trois quarts d’heure après le départ de nos infortunés camarades, un employé de la prison, un canadien, entra dans notre logement ; il nous annonça, en fondant en larmes, que les cinq victimes étaient dans l’autre monde.

Ces exécutions furent les dernières : douze condamnés politiques avaient rougi le gibet de leur sang, entre le 21 Décembre 1838 et le 15 Février 1839, savoir : MM. Cardinal, Duquette, Decoigne, Robert, Ambroise Sanguinette, Charles Sanguinette, Hamelin, De Lorimier, Hindenlang, Narbonne, Nicolas et Daunais.

Mais si les exécutions cessèrent alors, grâce