Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 3.djvu/14

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tique, le sculpteur doit assujettir son talent, et son imagination à l’œuvre à laquelle il est occupé, et chercher seulement à préserver et à perpétuer cette œuvre.

Jamais il ne doit essayer d’embellir ou de restaurer une vieille sculpture.

Plafonneur. — Si vous êtes appelé pour enlever un plâtrage, examinez d’abord ce plâtrage avec soin en enlevant le badigeon par places, et, si vous constatez que celui-ci recouvre des vieilles peintures, ne continuez pas avant d’avoir appelé un architecte ou une personne capable d’apprécier le travail.

S’il est absolument nécessaire de démolir le mur ainsi orné de vieilles peintures, on peut préserver ces peintures de la manière suivante : le fond de la maçonnerie doit être démoli avec soin et l’on doit en laisser subsister une légère épaisseur derrière la peinture ; Celle-ci sera ensuite doublée de ciment placé dans un cadre en bois, et le tout, bien séché, sera finalement enlevé d’une seule pièce pour être déposé dans un musée.

En règle générale, les anciens plâtrages ne doivent pas être enlevés, mais réparés avec soin aux endroits endommagés.

Les nouveaux plâtrages posés sur des vieux murs doivent être fort minces et amincis surtout auprès des appareils de pierre, ainsi qu’on le faisait dans l’ancien temps.

Tous les plâtrages devraient être faits de façon à recevoir une décoration peinte.

Charpentier. — Ne soyez pas trop prompt à condamner les anciennes toitures ou tout autre ouvrage de charpente. Rappelez-vous, au contraire, que ces ouvrages ont une valeur tout à fait supérieure au coût de leur réparation. Une vieille charpente soigneusement maintenue par un épissoir ou d’autres moyens a cent fois plus de valeur que sa copie en bois neuf.

Les dégradations très sérieuses peuvent être réparées, il faut appliquer tous vos soins à rechercher le moyen de conserver l’ouvrage ancien.

Si vous ne vous efforciez pas d’y parvenir, on se servirait des plus futiles prétextes pour détruire cet ouvrage, qui peut être d’un mérite tout à fait rare.

En règle générale, ne déplacez pas une vieille charpente pour la réparer. Travaillez de préférence sur place, travée par travée, et seulement durant les mois de printemps et d’été. Par un bon système de prélarts, ou tout

autre moyen efficace, gardez l’ouvrage bien sec durant l’opération. L’action de l’humidité sur les vieilles pièces de bois est fatale.

Ne changez pas l’aspect des anciens ouvrages de charpente et surtout ne les recouvrez pas d’huile ou de vernis. :

En général (comme on l’a recommandé au maçon), rappelez-vous toujours que votre but doit être de conserver et non pas de renouveler.

Conservez avec un soin particulier tous les restes de décoration peinte que vous découvririez sur les vieux ouvrages en bois.

Menuisier. — Tout ce qui a été dit au charpentier s’applique également au menuisier.

Qu’il conserve autant que possible dans leur ancienne place les ouvrages antiques qui lui sont confiés et qu’il se garde de déplacer ces ouvrages pour les réparer, à moins que ce ne soit sous les ordres d’un homme spécialement compétent.

Tout vestige de menuiserie ancienne, quels que soient sa forme et son objet, doit être soigneusement conservé dans son emplacement primitif, et, s’il en a été enlevé, doit y être rapporté au plus tôt, autant que faire se pourra.

Vitrier. — Soyez particulièrement soigneux pour conserver les anciens vitraux. Ne les détachez jamais des fenêtres dans lesquelles ils sont placés, — sauf sous la direction spéciale d’un architecte, quelque grossiers, imparfaits ou petits qu’en soient les fragments.

Peintre. — Préservez tous les vestiges d’anciennes peintures, sans jamais essayer de les restaurer, sauf sous la direction d’un homme compétent.

Forgeron. — Conservez dans leurs places primitives tous les spécimens de fer forgé ancien que vous rencontrerez, notamment les barreaux et étançons, qu’il ne faut déplacer que sur les ordres directs d’un architecte.

Aux patrons et ouvriers en général. — N’oubliez jamais que la réparation d’un vestige d’ancienne architecture, si peu important qu’il soit, est une œuvre à exécuter d’une façon tout à fait différente de la confection d’un travail nouveau ou de la modification d’une construction nouvelle.

Le but n’est pas. simplement de remettre l’ouvrage en bon état, mais de préserver ou