Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 5.djvu/26

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tions Bureau de l’Hôtel-Dieu sont-intéressants à cet égard :

« 13 juin 1608. — Nicolas le Gouttier, vigneron, demeurant à Belleville, est venu au Bureau pour les dommages qu’il prétend avoir, pour raison d’une pièce de terre que l’on luy a gasté pour fouiller la fontaine que la Compagnie prétend faire venir en la maison de la Santé et pour estimer le dégast qui lui a esté fait en ladite terre a nommé de sa part Simon Bordier, vigneron.

« 5 septembre 1608. — A été ordonné à Vellefaux de faire fouiller la fontaine désignée pour la maison de la Santé.

« 4 novembre 1611. — A été ordonné au receveur général de paier aux sieurs Lenormand et Beaudouyn, notaires, la somme de douze livres tournois pour leur salaire vaccation et grosse du contrat passé entre MM. les gouverneurs et les religieux des Célestins de Paris, portant vente faite par les dits religieux de trois arpents de terre, sciz au village de Belleville pour faire recherche de quelque source d’eau pour conduire en l’hôpital Saint-Louis. »

Les pierrées ont été établies autour d’une source située au nord de la place des Fêtes ; elles aboutissaient au regard de la Chambre du chirurgien, rue de Belleville, 169, mais leur produit était insuffisant, puisqu’une concession supplémentaire à prendre au regard Beaufils était accordée en 1619, comme en fait foi l’extrait du procès-verbal des délibérations du Bureau de l’Hôtel-Dieu :

« 17 juillet 1619. — Ce dict jour a esté donné charge à Claude Vellefaux se transporter à Belleville et prendre avec lui Jaclin, maître des œuvres de la Ville, assisté de Henry de la Rue, plombier dudict Hostel Dieu, pour effectuer la concession de quatre lignes d’eaue accordés par messieurs les prévost des marchands et les échevins de la Ville pour joindre à la fontaine de l’hospital Sainct Louys, au lieu le plus commode que faire se pourra. »

L’eau de Saint-Louis descendait en conduite par la rue de Belleville, la rue Rébeval, autre-fois rue Saint-Laurent, au bas de laquelle venait se joindre l’eau des Esmocoüards, dont les transformations spontanées ont singulièrement intrigué il y a quelques années ; puis elle suivait la rue de la Chopinette pour aboutir dans le réservoir de l’hôpital Saint-Louis.

Cette eau de Belleville a été remplacée en 1832 par l’eau de l’Ourcq.

Voici, Messieurs, le court exposé du régime des anciennes eaux de sources de Belleville, qui, pour la plus grande partie, s’en vont maintenant à l’égout. Néanmoins la statistique municipale du mois de novembre 1897 leur attribuait un rendement constaté de 310 mètres cubes par jour.

Il semble que le souvenir de travaux aussi considérables, pour les époques qui les ont vu accomplir, ne puisse être dédaigné, et qu’il appartient à la Commission du Vieux Paris de recueillir la trace des constructions détruites ou abandonnées et de veiller à la conservation des aqueducs et des regards actuellement existants afin de prévenir les cas de destruction inutile.

M. le Président dit que ce travail intéressant mérite d’être continué.

M. Tesson est chargé de réunir les renseignements les plus détaillés sur ces souvenirs des premières eaux de Paris et de fournir un rapport complet avec plans à l’appui.


Compte rendu de l’excursion de la 1re Sous-commission.


M. Tesson. — Les travaux de couverture de la Bièvre vont entraîner la disparition des tanneries établies sur les bords de cette minuscule rivière et causer par conséquent la transformation radicale des aspects de tout un quartier de Paris.

Les portions déjà recouvertes ont métamorphosé d’une façon saisissante non seulement les voies publiques et les propriétés riveraines, mais aussi le caractère des habitations avoisinantes.

Le travail s’exécute rapidement, et dans un petit nombre d’années toutes les tanneries auront disparu ; il sera alors difficile de reconstituer l’aspect si spécialement pittoresque des ruelles, des impasses tortueuses tracées dans les méandres des divers bras de la Bièvre, si l’on n’a pas eu la précaution d’établir dés vues caractérisées par la préoccupation documentaire.

Certains coins, comme ceux situés derrière les jardins de la manufacture des Gobelins, se prêtent à d’artistiques reproductions ; les biefs du boulevard de Port-Royal; la très curieuse tannerie de la rue Corvisart, 54 ; le passage Moret, offrent des vues dont il importe de conserver jusqu’aux moindres détails.

Mais ce qui domine le tout, en caractère archéologique, en importance et en grandeur, c’est l’immense construction ancienne dési-