Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/62

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mandement. Les auteurs romans du xiiie siècle chantaient l’amour ; Goudelin célébrait la gloire des rois de France et des notabilités de son temps ; Jasmin s’est dévoué à prêcher pour ceux qui souffrent, pour les petits de l’échelle sociale, pour les pauvres, dont enfant, il a lui-même senti toutes les douleurs. Jasmin en cela est un type ; or un type ne se renferme pas dans les limites d’un département ou d’une province ; il figure tôt ou tard sur le catalogue des bienfaiteurs de l’humanité, catalogue impérissable parce que les feuillets en sont garnis par la reconnaissance universelle.

En résumé, la langue romane restaurée par Goudelin s’éleva, sous l’influence de ses œuvres, au caractère de la plus pure et de la plus large poésie ; par là elle mérita de se maintenir et de se perpétuer, malgré la domination du Français.

Les auteurs romans du xviiie siècle vécurent de cette influence, sous laquelle ils ne surent être que versificateurs. Peyrot, Favre et Rigaud, personnifient admirablement, sous ce rapport, cette période.

L’époque moderne n’a pas fait défaut à l’idiôme languedocien ; quoique altéré dans ses dialectes primordiaux et trop subdivisés, il a retrouvé, dans toutes les parties méridionales soumises à sa domination, de glorieux interprètes.

Les travaux propagandistes du poète Jasmin lui promettent aujourd’hui une perpétuité civilisatrice, jusqu’à ce qu’un nouveau génie vienne se rattacher au chantre Agenais, comme celui-ci s’est rattaché, en le continuant poétiquement, au savant, modeste et vertueux Goudelin.