Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 93 —

ne formaient pas moins de mille registres, Castres ne possédait pas de bibliothèque communale. Les seules bibliothèques importantes où les hommes voués à l’étude pussent alors trouver un aliment à leur légitime curiosité, appartenaient aux établissements religieux. Ces bibliothèques étaient au nombre de quatre :

1° Celle des Jacobins ou Frères prêcheurs qui avaient succédé aux droits des Bénédictins et hérité de leur bibliothèque, telle qu’ils étaient parvenus à la reconstituer depuis le xiie siècle, époque à laquelle un terrible incendie leur avait dévoré, au rapport des chroniqueurs du temps, plus de onze mille manuscrits. Ces manuscrits remontaient aux premiers temps de l’ère chrétienne, car dès le viiie siècle, suivant le récit de Borel, relaté dans la Biographie Castraise de M. Magloire Nayral, ils étaient confiés à la garde d’un moine nommé Jacques d’Austria, né en Autriche en 729, de l’une des plus puissantes familles de ce pays, homme d’une vaste érudition, et auteur de plusieurs traités sur la musique, la géométrie, l’histoire naturelle, l’histoire universelle, les annales de Saint-Benoit, etc.

2° La bibliothèque du Chapitre de Saint-Benoît, établie dans la rue de son officialité, adjacente à l’église du même nom, et désignée encore de nos jours sous le nom de rue des Grosses, à cause du dépôt des archives ou grosses des actes qui réglaient les droits et les intérêts du Chapitre.

3° La bibliothèque des Cordeliers, qui occupaient l’ancien couvent dont les bâtiments sont aujourd’hui affectés au collège communal. Ce couvent a compté pendant huit ans au nombre de ses moines le célèbre Rabelais, dont, par de patientes recherches, il ne serait peut-être pas impossible de retrouver encore quelques écrits dans les archives publiques ou particulières du pays.

4° La bibliothèque de Mgr Quiqueran de Beaujeu, mort évêque de Castres en 1735, et dont les livres, par succession, passèrent à Mgr de Royère, dernier évêque. Cette bibliothèque était établie