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le wagnérisme en france avant la guerre

Empruntons encore quelques lignes à M. Adolphe Jullien, qui tirait la moralité de ces misérables événement, dans le feuilleton du Français du 16 mai :

« Ce qui a éclaté aux yeux de tous, c’est la complète impuissance des journaux parisiens de toutes nuances à empêcher les gens de faire le mal, uniquement par plaisir ; car ceux-là mêmes qu’on croyait être les rois de Paris, MM. Clemenceau, Rochefort, Maret, etc., après avoir vainement prêché le calme, ont été siffles au passage comme de simples bourgeois. Et le résultat flnal ? C’est que cinquante gamins ont bouleversé Paris, ruiné une entreprise qui pouvait faire accueil à nos jeunes compositeurs, tenu la police en échec, fait trembler le ministère… et que les amateurs désireux d’entendre les opéras de Wagner devront toujours porter leurs écus à Bruxelles.

« Les Belges ne s’en plaindront pas. »

Lamoureux adressa, le 5 mai, une lettre à la presse, pour l’informer qu’il renonçait définitivement à donner des représentations de Lohengrin.

« Je n’ai pas à qualifier les manifestations qui se produisent après l’accueil fait par la presse et le public à l’œuvre que, dans l’intérêt de l’art, j’ai fait représenter à mes risques et périls sur une scène française.

« C’est pour des raisons d’un ordre supérieur que je m’abstiens, avec la conscience d’avoir agi exclusivement en artiste, et avec la certitude d’être approuvé par les honnêtes gens. »

Dans une seconde lettre, de huit jours postérieure, adressée au directeur de l’Événement, Lamoureux expliquait pourquoi il voulait traduire ses diffama-