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richard wagner et la france

teurs devant les tribunaux. « Un seul point est à élucider, disait-il : Ai-je, OUI ou NON, reçu de l’argent de provenance allemande ? Vous m’accorderez bien, Monsieur, que j’ai le droit d’exiger une réponse nette et positive à ce sujet, et vous ne pouvez trouver mauvais que je m’efforce de l’obtenir par le seul moyen efficace que la loi met à ma disposition.

« Il n’est pas toujours facile pour un artiste de travailler librement à l’émancipation intellectuelle de son pays, même quand ce pays se réclame à tout propos de la liberté, je viens d’en avoir la preuve douloureuse. Frappé par les événements, je me suis résigné et incliné ; mais, ceci fait, je ne souffrirai pas qu’on m’attaque dans mon honneur, et qu’après m’avoir terrassé on cherche à me salir et à me déconsidérer. »

Le 16 mai, les amis et admirateurs du chef d’orchestre se réunirent en un banquet à l’Hôtel continental. Plusieurs discours furent prononcés par M. Édouard Schuré, Ernest Reyer, Henri Bauer et Lamoureux lui-même, à qui fut remis une adresse le félicitant de la « victoire éclatante » remportée le 3 mai.

Enfin, le 20 mai, un groupe d’écrivains et de membres de la presse parisienne fondait une Association française pour le développement du drame musical en France et dans les pays de langue française. Cette société avait pour but de « fonder en France un théâtre de musique, affranchi de tout esprit de spéculation, et voué, par essence, au culte fervent et respectueux de l’art ». Le secrétaire était Henry Bauer ; Lamoureux accepta la présidence