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richard wagner et la france

moi, cela devait me remplir d’orgueil, eussé-je été l’homme le plus indifférent du monde[1].

En somme, Wagner était très fier, en son for intérieur, d’avoir provoqué sur son nom, dans ce Paris objet de ses convoitises, une véritable manifestation du grand public contre les sifflets du Jockey-Club, qu’il poursuit de ses sarcasmes mérités.

Quant au théâtre lui-même, à sa constitution, à ses règlements, à la façon dont on y étudie les ouvrages, par une collaboration rationnellement organisée des fonctions rationnellement réparties (c’est lui-même qui souligne), Wagner, dans une autre brochure, de 1862, sur l’Opéra impérial de la cour à Vienne, les cite sans réserve en exemple aux scènes allemandes. C’eût été, avouons-le, une singulière façon d’exhaler sa haine contre l’Opéra de Paris, que de le recommander aussi chaudement comme modèle !

À l’Opéra, dont sa récente expérience lui avait permis d’étudier tous les rouages, des règlements garantissent des « études intelligentes ».

Si, depuis longtemps, ajoute-t-il, la tendance artistique de ce théâtre a été indignement faussée par l’immixtion des intérêts les plus frivoles de ceux de ses habitués qui y donnent le ton,… il n’en est pas moins vrai que les institutions pratiques qui lui sont restées, en assurant aux ouvrages les plus fades une exécution qui fait illusion sur leur valeur même, fournissent à toute époque, à quiconque a voulu s’occuper de ce théâtre dans une intention noble et sérieuse, le point d’appui immédiatement efficace qui lui permet de réaliser l’exécution parfaite de ses intentions[2].

  1. VIII, p. 16.
  2. VIII, p. 41,43,55,56.