Page:Prod’homme - Richard Wagner et la France, 1921.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
la question wagner depuis la guerre

Une décision d’une importance extraordinaire s’impose : il semble presque que l’empereur des Français en comprenne la gravité plus profondément que les gouvernements des princes allemands. Un mot du vainqueur de Kœniggrätz, et une nouvelle force apparaît dans l’histoire et devant elle, la civilisation française pâlit à jamais[1].


Cet espoir non déguisé d’une prochaine victoire prussienne sur la « civilisation » française, n’empêche pas Wagner de critiquer violemment l’art et l’esprit allemands, car les Allemands, tout comme les Français du second Empire, sont encore très réfractaires à l’art nouveau, à l’art de l’avenir, comme on dit par dérision[2], que va leur imposer, envers et contre tous, l’ancien révolutionnaire de 1849, qu’on surnomma le « Bismarck de la musique ».

À la fin du troisième chapitre de sa brochure sur l’Art allemand, Wagner se demande ce que penserait un Français au spectacle de la civilisation allemande de son temps.


Il éprouvera, certes, une nostalgie désespérée, un besoin de retourner aux convenances Françaises, et, tout bien considéré, la civilisation française y aura gagné un


    Saxe est revenu en manteau, à la fin, pour applaudir… je pense que le mouvement qui a poussé le roi à cette manifestation sympathique peut avoir été provoqué, certes, par une forte impression consécutive aux dernières paroles de mon Sachs, puisque c’est à de tels personnages qu’elles sont adressées » (à Louise Brockhaus).

  1. VIII, p. 114.
  2. L’expression de Zukunftmusik, contre laquelle Wagner n’a jamais cessé de protester, est de l’invention du professeur Bischoff, rédacteur de la Gazette de Cologne. Cela n’empêche, que naguère encore, le critique niunical de l’Action française, attribuait au « charlatanisme » de Wagner la paternité de cette expression absurde.