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richard wagner et la france

nouveau moyen de puissance très réel contre lequel nous ne saurions que difficilement nous défendre[1].


Tels sont les passages les plus saillants de ce curieux pamphlet qui, ainsi que toute la production journalistique ou polémique de son auteur, n’a qu’un but : ouvrir les yeux des Allemands sur la nullité de leur art actuel, de leur art dramatique surtout ; et, soit en leur montrant les côtés brillants de la civilisation française, soit en leur en décrivant, non sans complaisance, les faces moins favorables, essayer de les en détourner, et de les intéresser à l’œuvre de toute sa vie, à l’objectif qu’il ne cesse de poursuivre, depuis le jour où, à Paris même, il a pris conscience de sa propre valeur.

Tout cela était écrit avant 1870 et personne, en France moins encore qu’en Allemagne, n’y faisait attention.

L’année de la guerre, Wagner publie un de ses ouvrages les plus importants, sa brochure écrite à l’occasion du centenaire de Beethoven. Les événements qui bouleversent l’Europe le préoccupent, comme tous ses compatriotes ; mais pour lui, 70 marque une autre date dans sa vie : c’est l’année de son mariage avec Cosima Liszt. La Walkyrie vient d’être présentée à Munich, à la veille de la déclaration de guerre ; dès le 25 août, Wagner, de retour en Suisse, se marie, dans l’intimité la plus stricte, à

  1. VIII, p. 125.