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Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/59

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Liturgique

trembler, qu’ils interrogent la sainte Liturgie : là, ils apprendront à le craindre.

Au reste, cette crainte n’est pas seulement le propre des pécheurs : elle est un sentiment que tout chrétien doit éprouver. La crainte, si elle est seule, fait l’esclave ; si elle balance l’amour, elle convient au fils coupable qui cherche le pardon de son père qu’il a irrité ; mais si l’amour la chasse dehors[1], elle revient parfois comme un éclair rapide ; et jusqu’en ses fondements le cœur fidèle en est heureusement ébranlé. Il sent alors se réveiller le souvenir de sa misère et de la gratuite miséricorde de l’Époux. Nul ne doit donc se dispenser, dans le saint temps de l’Avent, de s’associer aux pieuses terreurs de l’Église qui, tout aimée qu’elle est, dit, chaque jour, dans l’Office de Sexte : Percez ma chair, Seigneur, de l’aiguillon de votre crainte ! Mais cette partie de la Liturgie sera utile surtout à ceux qui commencent à se donner au service de Dieu.

De tout ceci, il faut conclure que l’Avent est un temps principalement consacré aux exercices de la Vie Purgative ; ce qui est signifié par cette parole de saint Jean-Baptiste, que l’Église nous répète si souvent dans ce saint temps : Préparez la voie du Seigneur ! Que chacun donc travaille sérieusement à aplanir le sentier par lequel Jésus-Christ entrera dans son âme. Que les justes, suivant la doctrine de l’Apôtre, oublient ce qu’ils ont fait dans le passé[2], et travaillent sur de nouveaux frais. Que les pécheurs se hâtent de rompre

  1. Joann. xiv. 18.
  2. Phil. iii. 13.