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YVETTE PROST

— Ah ! par exemple, s’écriait en riant la mère, si Blanche se fardait, quelle complication ! La figure de son mari ressemblerait tout de suite à la palette de Rubens !

Diane avait un sourire indulgent qui ne laissait point deviner son agacement.

À l’égard de Nérée, elle observait une parfaite réserve ; mais elle savait bien l’art de se rapprocher de lui en montrant un intérêt passionné pour tout ce qu’il aimait : le passé de Pomponiana, la vie des arbres et des plantes. Elle lui disait :

— Vous m’ouvrez un monde merveilleux que je ne soupçonnais pas. Jusqu’à ce jour, l’humain seul m’attirait ; et voilà que vous me révélez l’émouvant mystère de la vie végétale !

— Venez, disait Galliane, je vais vous montrer quelque chose.

Il l’entraînait vers la volière où venait d’éclore une couvée de pintadeaux ; ou bien il l’emmenait voir ses orangers, ses mandariniers, ses grenadiers, sur lesquels il se penchait avec une sollicitude d’infirmier.

Bientôt, la néophyte accourait vers Blanche pour lui dire :

M. Galliane me parlait d’un oranger semé à Pampelune en 1421, qui, après avoir appartenu successivement à Anne de Bretagne, à François 1er et à Louis XIV, à l’âge de quatre cent soixante ans, donnait encore deux cents fruits à chaque récolte !

Le lendemain, autre émerveillement :

— Chère madame, votre mari me disait des choses admirables ! Il me parlait du savant naturaliste Bose qui fit, à Calcutta, de si étonnantes découvertes sur