Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/431

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payer le produit ou service d’autrui que juste ce qu’il vaut. L’observation de cette règle est une des conditions de la félicité publique.

Mais comment obtenir ce juste prix du salaire ? Dans l’état actuel de la société, le droit à une rémunération équitable, soit par le producteur, soit par le consommateur, n’a qu’une manière de s’exercer : la liberté commerciale. En autres termes, l’unique garantie d’un prix ou salaire suffisant offerte à tous, soit qu’ils vendent, soit qu’ils achètent, est la libre concurrence.

Ainsi, contre l’exagération arbitraire du prix des marchandises, le consommateur a pour garantie la concurrence des producteurs et marchands entre eux ; — contre l’exigence des salariés, le patron ou entrepreneur a la concurrence des ouvriers ; — contre l’avarice des maîtres, l’ouvrier a la concurrence des maîtres entre eux, et la sienne propre ; en tant qu’il est facultatif aux ouvriers de s’associer et de faire concurrence à leurs maîtres.

Le Droit économique nous a appris à développer cette garantie de la libre concurrence. Grâce au principe de mutualité, nous pouvons nous dispenser dans la plupart des cas, d’en venir à une concurrence onéreuse et en pure perte : il suffit, après avoir reconnu le besoin de la consommation, et amiablement débattu le prix de revient, de la promesse mutuelle de livraison et acceptation des produits, en quantité et à un prix déterminés. Mais nous ne sommes pas, il s’en faut, en régime mutuelliste : et c’est pourquoi, malgré ses inconvénients graves, la liberté ou concurrence, notre garantie unique, doit être conservée hors d’atteinte.