Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/230

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sexes aucune pensée juridique et sociale, comme il ne voyait dans la femme qu’un instrument de reproduction et de plaisir, il se disait qu’elle tombait sous le domaine de la république ni plus ni moins que l’industrie et la propriété, et, de même qu’il avait dégradé l’homme de la dignité patricienne, il destituait la femme à son tour de la noblesse qui lui est propre, le mariage. Ainsi le voulait la raison d’état de sa république communiste, conçue dans un esprit de répression de la personnalité antique, dont l’exagération était devenue un péril pour la Grèce.

Mais si la civilisation tend à l’égalité, elle se refuse à toute déchéance. La législation des empereurs, et plus tard le christianisme, conservèrent le mariage et en rendirent le rite uniforme : sous ce rapport du moins tout le monde devint noble, et chacun put se dire aristocrate.

XIV

Si la cause efficiente du mariage, je veux dire, si l’élément juridique qui tend à s’introduire entre l’homme et la femme pour sanctifier leur amour et transformer, dans un intérêt supérieur, leur union, si, dis-je, cet élément réside essentiellement au cœur de l’homme, dans la conscience commune de l’époux et de l’épouse, et si le rite nuptial, public, solennel, n’est à autre fin que de lui donner, avec l’authenticité, l’impulsion et la vie, il est évident que quelque chose de cet élément, de son action, de son influence, doit se retrouver en tout amour non consacré par la loi, auquel l’homme et la femme, librement, passagèrement, peuvent se livrer. Toujours un rayon de la Vénus Uranie brillera dans les ténèbres de la Vénus marécageuse : il n’est pas donné à l’homme, quoi qu’il fasse, de renier son âme.

Plus humaine sous ce rapport que ne nous a faits le