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Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/282

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Monseigneur ; les paroles sont les paroles, et les choses sont les choses. Vous avez pour tout de beaux mots, et je ne nie pas qu’on lise dans saint Paul cette phrase magnifique, à propos de l’union de l’homme et de la femme, Sacramentum hoc magnum est. Ceci est un grand sacrement, ou mieux un grand mystère. Sous la pression de la conscience universelle, qui de tout temps fit du mariage l’acte le plus religieux de la vie, l’Église, distancée par le paganisme, dut comprendre qu’elle ne pouvait entièrement abandonner aux définitions de la loi civile ce qu’il y a de plus véritablement sacramentel dans l’humanité. Elle eut donc aussi son sacrement de mariage, le dernier en rang comme en date, sacrement sur lequel, au rapport de Bergier, hésitaient saint Thomas, saint Bonaventure et Scot, et que rejeta plus tard la prétendue Réforme ; elle eut sa messe de fiançailles, sa messe d’épousailles, sa formule de bénédiction nuptiale, tout l’équivalent du rituel de Romulus et de Numa. Mais, vous le savez mieux que moi, la lettre tue, l’esprit vivifie ; et je vous demande : Quel est l’esprit de ce grand sacrement ? Il n’est pas de jeune fille chez laquelle ce mystérieux nom ne réveille un sentiment indéfinissable, bien différent de l’amour : que vous dit, à vous théologien, votre conscience ? Qu’est-ce enfin que le mariage ? Vous êtes embarrassé : « On dispute, dit Bergier, pour savoir quelle est la matière de ce sacrement, quelle en est la forme ; si le prêtre en est le ministre, ou s’il n’en est que le témoin. » Le fond, la forme, le sujet, le ministre, vous ignorez tout. Laissez-moi donc vous dire à vous-même ce que vous pensez ; je vous dirai après ce que pense la Révolution.

XXXII

Les premiers chrétiens, par leur communauté d’amours ; le premier concile de Jérusalem, par son décret