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De même que pour arriver à l’idée conçue par l’homme et produite spontanément, la femme a besoin d’une surexcitation de tout son être, de même il lui faut, pour arriver à la Justice, le secours de l’amour et de l’idéal : elle ne comprend le devoir que comme imposé d’en haut, comme une religion. Sa conscience est comme celle de l’enfant, pour qui la Justice n’est d’abord qu’un précepte reçu du dehors, et qui se personnifie en celui qui est constitué en autorité sur l’enfant, ce que j’ai appelé la double conscience.

Aussi le législateur, qui a fixé l’âge de la responsabilité morale, pour les deux sexes, à seize ans, aurait pu la reculer pour la femme jusqu’à quarante-cinq. La femme ne vaut décidément, comme conscience, qu’à cet âge : jeune et dans sa fleur, plus tard sous les influences de l’amour et de la maternité, elle n’a qu’une demi-conscience, comme dit Mme  Necker.

C’est d’après ce principe que certaines législations se montrèrent beaucoup plus douces pour la femme que pour l’homme :

« Ne frappez pas une femme, eût-elle fait cent fautes, pas même avec une fleur. » (Loi indienne, citée par Michelet, Origines du droit français.)

« En Allemagne, les femmes enceintes pouvaient, pour satisfaire leurs envies, prendre à volonté des fruits, des légumes, des volailles, etc. (Le même.)


La femme veut des exceptions ; elle a raison : elle est infirme, et les exceptions sont pour les infirmes.

XV

Ce que nous venons de dire, en thèse générale, de la Justice, est également vrai de la vertu la plus précieuse de la femme, de celle dont la perte doit être regardée par elle comme pire que la mort, puisque, cette vertu perdue,