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Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/382

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la femme ne compte plus : je veux parler de la pudeur. De même que les idées et la Justice, c’est encore par l’homme que la pudeur vient à la femme.

Les enfants n’ont pas de pudeur ; les adolescents, jusqu’à la puberté, fort peu. De toutes les vertus, c’est celle qui arrive le plus tard et qui exige le plus grand développement intellectuel et moral, la plus longue éducation. Chez les nations primitives, la pudeur est nulle aussi, ce dont témoigne la Genèse : Et non erubescebant.

Comment se manifeste ce sentiment ?

La pudeur est une forme de la dignité personnelle, de ce sentiment qui fait que l’homme, se respectant lui-même, se sépare de la brute, dédaigne ses mœurs et aspire à s’illustrer dans les siennes. Si quelque chose est fait pour révéler à l’homme sa dignité, c’est à coup sûr l’accouplement des bêtes, de tous les spectacles le plus répugnant : la vue d’un cadavre choque moins. Or, la honte qu’éprouve l’homme dans la solitude de sa dignité redouble sous le regard du prochain ; de là pour lui un devoir nouveau dont voici la formule : Ne fais pas en particulier ce que tu n’oserais faire devant les autres ; ne fais pas devant les autres ce que tu ne veux pas qu’ils fassent devant toi.

Ainsi la chasteté est un corollaire de la Justice, le produit de la dignité virile, dont le principe, ainsi qu’il a été expliqué plus haut, existe, s’il existe, à un degré beaucoup plus faible dans la femme.

Chez les animaux, c’est la femelle qui recherche le mâle et lui donne le signal ; il n’en est pas autrement, il faut l’avouer, de la femme telle que la pose la nature et que la saisit la société. Toute la différence qu’il y a entre elle et les autres femelles est que son rut est permanent, quelquefois dure toute la vie. Elle est coquette, n’est-ce pas tout dire ? Et le plus sûr moyen de lui plaire