Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/454

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faciles à saisir comme de simples faits, et dont la compréhension intuitive, aphoristique, imagée, tout en mettant la femme en partage de la philosophie et des spéculations de l’homme, lui en rend à lui-même la mémoire plus nette, la digestion plus légère. Comme le visage de la femme est le miroir où l’homme puise le respect de son propre corps, de même l’intelligence de la femme est aussi le miroir où il contemple son génie. Il n’est pas un homme, parmi les plus savants, les plus inventifs, les plus profonds, qui n’éprouve de ses communications avec les femmes une sorte de rafraîchissement : c’est par là, du reste, que s’accomplit la diffusion des connaissances et que l’art ravit les multitudes. Les vulgarisateurs sont en général des esprits féminisés ; mais l’homme n’aime point à servir la gloire de l’homme, et la nature prévoyante a chargé la femme de ce rôle.

Ainsi l’impression produite par la beauté de la femme s’accroît de celle que produit le tour de son esprit ; parce que cet esprit a moins d’audace, de puissance analytique, déductive et synthétique, qu’il est plus intuitif, plus concret, plus beau, il semble à l’homme, et il l’est en effet, plus circonspect, plus prudent, plus réservé, plus sage, plus égal : c’est la Minerve protectrice d’Achille et d’Ulysse, qui apaise la fougue de l’un et fait honte à l’autre de ses paradoxes et de ses roueries ; c’est la Vierge que la litanie chrétienne appelle Siège de sapience, Sedes sapientiæ.

Or, remarquez encore que cet avantage de la femme ne peut pas être porté en balance du génie de l’homme, faire la base d’une mutualité de services, devenir la matière et la cause d’un droit positif, en un mot créer à la femme un titre à l’égalité. Qui peut le plus peut le moins, dirait l’homme ; et pas plus pour l’intelligence que pour le travail, la force ne consentirait à une participation