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avec la faiblesse. La sagesse de la femme, non plus que sa beauté, n’est chose commutative ou vénale : qu’elle s’avise de réclamer, en raison de sa figure et des grâces de son esprit, l’isonomie, elle perd à l’instant son prestige ; de déesse ou fée qu’elle doit être, la voilà redevenue esclave.

XXXIV

Même observation pour le moral.

Comme la femme tient son corps de l’homme, Os ex ossibus meis, et caro ex carne meâ ; comme elle tient de lui ses idées, de même elle en reçoit sa conscience et le principe de toutes ses vertus. Or, ici encore la dignité virile, en se féminisant, acquiert une fleur de beauté qui est propre à la femme et lui assure l’excellence.

Constance de l’âme : — Je me souviens d’avoir vu sur le frontispice de je ne sais plus quel livre d’érudition une vignette représentant Hercule avec ces mots : Labore et constantiâ. Oui, l’homme a la force ; mais cette constance dont il se vante en sus, il la tient surtout de la femme. Constance, patience, longue espérance, sont surtout la vertu des faibles ; c’est leur force. L’homme, dans l’adversité, d’abord s’irrite, bientôt se rebute ; la femme pleure, et dans ces pleurs de la femme il retrempe son courage. Par elle il dure, et apprend le véritable héroïsme. À l’occasion, elle saura lui donner l’exemple : alors elle sera plus sublime que lui, l’amazone l’emportera sur le héros, car elle est la force dans la faiblesse :

Et dans un faible corps s’allume un grand courage.

Facilité dans les relations : — La femme est incapable de dire le droit, de le soutenir, de le venger ; elle fera mieux, elle le rendra aimable, et de ce glaive à double tranchant fera un rameau de paix. La Justice ressemble