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R. — Le caractère commun qui les distingue est de frapper la famille dans ce qu’elle a de plus sacré, savoir, la religion domestique, conséquemment d’anéantir chez le coupable et ses complices la Justice dans sa source.

Ainsi l’adultère est, selon l’expression des anciens, la violation de toute loi divine et humaine, un crime qui contient en soi tous les autres, calomnie, trahison, spoliation, parricide, sacrilége. La tragédie antique, de même que l’épopée, roule presque tout entière sur ce motif, comme le montrent les légendes d’Hélène, Clytemnestre, Pénélope, etc.

L’inceste, moins atroce, est plus vil : dérision de la pudeur familiale et de l’initiation maternelle ; il a pour pendant la sodomie.

Le stupre, plus commun de jour en jour et traité avec tant d’indifférence, est l’abus d’une personne mineure, une destruction de la Justice, si l’on peut ainsi dire, en bourgeon, et pour laquelle des jurés ne devraient admettre jamais de circonstances atténuantes.

Par quel inconcevable matérialisme le législateur a-t-il traité si sévèrement le viol, tandis qu’il n’a pas dit un seul mot contre la séduction ? Il semble cependant que le premier pourrait souvent être rangé dans la catégorie des coups et blessures qui n’affectent que le corps, tandis que la seconde tue l’âme.

À ces deux espèces de crimes, nous assimilerons l’excitation à la débauche par livres, chansons, gravures, statues, etc.

L’onanisme a pour corollaire la bestialité. Chose curieuse ! l’onanisme conjugal a été proposé par les défenseurs de l’exploitation humaine pour servir d’émonctoire à la population : comme si la bestialité économique avait sa sanction dans la bestialité de l’amour !

La fornication est la jouissance passagère de deux personnes libres, mais non concubinaires. Elle est sans comparaison plus répréhensible que la prostitution. La prostitution, reste de l’ancien état de guerre et de féodalité, a de plus pour excuse la misère, et la prostituée, retranchée comme un membre pourri de la famille, ne trahit personne. Le fornicateur et la fornicatrice trompent tout le monde et n’ont pas d’excuse ; ils