Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/498

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

devraient être blâmés, sinon punis. L’hypocrisie de nos mœurs en a décidé autrement : la fornication secrète est applaudie ; l’homme surpris dans une maison de tolérance est réputé infâme.

Si l’on considère l’adultère, la séduction, le viol, la fornication, la prostitution, le divorce, la polygamie et le concubinage comme formant la pathologie de l’amour et du mariage, l’inceste, le stupre, la pédérastie, l’onanisme et la bestialité en seront la tératologie.

Le débordement de tous ces crimes et délits contre le mariage est la cause la plus active de la décadence des sociétés modernes : c’est à cette cause qu’il faut rapporter, en dernière analyse, et la lâcheté bourgeoise, et l’imbécillité populaire, et l’ineptie républicaine, et la dépravation de la littérature, et le despotisme dans le gouvernement.

Tout attentat au mariage et à la famille est une profanation de la Justice, une trahison envers le peuple et la liberté, une insulte à la Révolution.

D. — Comment la philosophie du droit a-t-elle été si longtemps sans comprendre le mariage ?

R. — C’est que les philosophes ont toujours cherché le droit dans la religion, et que toute religion étant essentiellement idéaliste et érotique, l’amour dans l’âme religieuse est placé au-dessus de la Justice, et le mariage rabaissé au concubinage.