Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/220

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d’État qui est autre chose que la vérité et le droit ; où par conséquent la vérité et le droit, variant au gré des intrigues, sont choses vénales, la raison et la conscience facultés mercenaires. Une presse sans reproche, telle que la suppose la liberté et que le progrès des institutions l’exige, ne peut exister que là où la justice est la loi suprême de l’État, le pivot de tous les intérêts ; elle ne peut exister que dans le système fédératif.


La vérité comprise dispose à l’indulgence : je ne serai donc pas aussi sévère que M. Pelletan. Je ne dirai pas comme lui à messieurs les rédacteurs de la presse démocratique : Ôtez votre ruban, si vous voulez qu’on vous croie. Je leur dirai plutôt : Mettez votre ruban, si vous y tenez, afin que l’on vous connaisse ; faites mieux encore, acceptez toutes les subventions qui vous seront offertes, pourvu que vous en donniez publiquement quittance ; et vous conserverez votre honorabilité, ce sera pour vous tout bénéfice. Le public saura, il est vrai, que vous parlez comme orateurs gagés du Piémont, non comme journalistes libres ; il se tiendra en garde contre votre parole ; mais enfin il vous lira comme s’il lisait une note de l’ambassade piémontaise, et vous aurez encore la chance d’être crus. L’avocat reçoit ses honoraires comme le médecin, et ni sa réputation ni l’autorité de sa parole n’en souffrent. Jules Favre, plaidant pour Orsini les circonstances atténuantes, n’était pas pour cela complice du régicide. Pourquoi vous, publicistes officieux, ne jouiriez-vous pas du même avantage ?… J’en jurerais presque : ceux que M. Pelletan accuse ne sont coupables que d’inadvertance. Dans le milieu unitaire