Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/320

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La monarchie constitutionnelle, en effet, est le règne bourgeois, le gouvernement du Tiers-État. Or, il n’y a plus de bourgeoisie, il n’y a pas même de quoi en former une. La bourgeoisie, au fond, était une création féodale, ni plus ni moins que le clergé et la noblesse. Elle n’avait de signification, et elle ne pourrait en retrouver une, que par la présence des deux premiers ordres, les nobles et les clercs. Comme ses aînés la bourgeoisie a été frappée en 89 ; l’établissement de la monarchie constitutionnelle a été l’acte de leur commune transformation. À la place de cette bourgeoisie monarchique, parlementaire et censitaire, qui absorba les deux ordres supérieurs et brilla un moment sur leurs ruines, nous avons l’égalité démocratique et sa manifestation légitime, le suffrage universel. Essayez, avec cela, de refaire des bourgeois !…


Ajoutons que la monarchie constitutionnelle, revînt-elle au monde, succomberait à la tâche. Rembourserait-elle la dette ? Avec quoi ? — Réduirait-elle l’impôt ? Mais l’accroissement de l’impôt tient à l’essence même du gouvernement unitaire, et nous aurions en sus, comme dépense extraordinaire, les frais de réinstallation du système. — Diminuerait-elle l’armée ? Quelle force alors opposerait-elle comme contre-poids à la démocratie ?… Essaierait-elle d’une liquidation ? Mais elle ne viendrait que pour empêcher la liquidation. Rendrait-elle la liberté de la presse, celle d’association et de réunion ? Non, non, non ! La manière dont la presse bourgeoise a usé depuis dix ans du privilége de publication qui lui a été conservé par l’Empire, prouve de reste que l’amour de la vérité et de la liberté