Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/321

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n’est pas ce qui la possède, et que le régime de compression, organisé dès 1835 contre la démocratie sociale, développé en 1848 et 1852, s’imposerait à elle avec la violence d’une fatalité. La monarchie constitutionnelle restaurée essaierait-elle, comme on l’a fait en 1849, de restreindre le droit de suffrage ? Si oui, ce serait une déclaration de guerre à la plèbe, par conséquent le prélude d’une révolution. Si non, février 1848 lui prédit son sort, tôt ou tard elle en mourrait : encore une révolution. Réfléchissez-y cinq minutes, et vous resterez convaincu que la monarchie constitutionnelle, placée entre deux fatalités révolutionnaires, appartient désormais à l’histoire, et que sa restauration, en France, serait une anomalie.


L’Empire existe, s’affirmant avec l’autorité de la possession et de la masse. Mais qui ne voit que l’Empire, parvenu en 1852 à sa troisième manifestation, est travaillé à son tour par la force inconnue qui modifie incessamment toutes choses, et qui pousse les institutions et les sociétés vers des fins inconnues qui dépassent de beaucoup les prévisions des hommes ? L’Empire, autant que le comporte sa nature, tend à se rapprocher des formes contractuelles. Napoléon Ier, revenu de l’île d’Elbe, est forcé de jurer par les principes de 89, et de modifier dans le sens parlementaire le système impérial ; Napoléon III a déjà modifié plus d’une fois, dans le même sens, la constitution de 1852. Tout en contenant la presse, il lui laisse plus de latitude que n’avait fait son prédécesseur impérial ; tout en modérant la tribune, comme s’il n’avait pas assez des harangues du Corps législatif il invite à parler le Sénat. Que signifient ces con-