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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/105

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voulu, par excès de dévouement, enchérir sur l’usage et s’étaient constituées d’après le principe de l’égalité des salaires, ont été forcées d’y renoncer. Partout aujourd’hui les associés sont à leurs pièces, en sorte que là où la mise sociale consiste surtout en travail, chacun étant rémunéré, en salaire et bénéfice, au prorata de son produit, l’association ouvrière n’est pas autre chose que la contre-partie de la commandite : c’est une commandite où la mise de fonds, au lieu de consister en argent, est faite en travail, ce qui est la négation de la fraternité même. Dans toute association, en un mot, les associés, en cherchant par l’union des forces et des capitaux certains avantages dont ils n’espèrent pas jouir sans cela, s’arrangent pour avoir le moins de solidarité et le plus d’indépendance possible. Cela est-il clair ? et n’est-ce pas le cas de s’écrier, comme saint Thomas : Conclusum est adversùs manichæos ?

Oui, l’association, formée spécialement en vue du lien de famille et de la loi de dévouement, et en dehors de toute considération économique extérieure, de tout intérêt prépondérant, l’association pour elle-même, enfin, est un acte de pure religion, un lien surnaturel, sans valeur positive, un mythe.

C’est ce qui devient surtout frappant à l’examen des diverses théories d’associations proposées à l’acceptation des adeptes.

Fourier, par exemple, et après lui Pierre Leroux, assurent que si les travailleurs se groupent d’après certaines affinités organiques et mentales dont ils donnent les caractères, ils croîtront, par cela seul, en énergie et capacité ; que l’élan du travailleur, si pénible en l’état ordinaire, deviendra allègre et joyeux ; que le produit, tant individuel que collectif, sera de