Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/119

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ments du travail et l’exécution de certains labeurs, qui, demandant à la fois une grande division des fonctions, une grande force de collectivité, seraient autant de pépinières du prolétariat, si l’on n’y appliquait l’association, ou pour mieux dire, la participation. Tels sont, entre autres, les chemins de fer.

Mais l’association, en elle-même, ne résout point le problème révolutionnaire. Loin de là, elle se présente elle-même comme un problème, dont la solution implique que les associés jouissent de toute leur indépendance en conservant tous les avantages de l’union : ce qui veut dire que la meilleure des associations est celle où, grâce à une organisation supérieure, la liberté entre le plus, et le dévouement le moins.

C’est pour cela que les associations ouvrières, aujourd’hui presque entièrement transformées, quant aux principes qui les dirigent, ne doivent point être jugées d’après les résultats plus ou moins heureux qu’elles obtiennent, mais uniquement d’après leur tendance secrète, qui est d’affirmer et de procurer la république sociale. Que les ouvriers le sachent ou l’ignorent, ce n’est point dans leurs petits intérêts de société que gît l’importance de leur œuvre ; c’est dans la négation du régime capitaliste, agioteur et gouvernemental, qu’a laissé après elle la première révolution. Plus tard, le mensonge politique, l’anarchie mercantile et la féodalité financière vaincues, les compagnies de travailleurs, abandonnant l’article de Paris et les bilboquets, devront se reporter sur les grands départements de l’industrie, qui sont leur naturel apanage.

Mais, comme disait un grand révolutionnaire, saint Paul, il faut que l’erreur ait son temps : Oportet hæreses esse. Il est à craindre que nous n’en ayons pas