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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/128

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Les électeurs se sont prononcés pour la République : la Révolution a remporté la victoire.

Je me charge aujourd’hui de démontrer que le dilemme de 1850 n’a pas d’autre signification que celle-ci : Gouvernement ou Non-gouvernement. Réfutez ce dilemme, réactionnaires ; vous aurez frappé au cœur la Révolution.

Quant à la Législation directe, au Gouvernement direct et au Gouvernement simplifié, je crois que leurs auteurs feront bien d’en donner au plus tôt leur désistement, pour peu qu’ils tiennent à leur considération de révolutionnaires et à l’estime des libres penseurs.

Je serai bref. Je sais que pour exposer, dans les formes, et avec tous les développements utiles, une question aussi grave, il y faudrait des volumes. Mais l’esprit du peuple est prompt au temps où nous sommes ; il comprend tout, devine tout, sait tout. Son expérience quotidienne, sa spontanéité intuitive lui tenant lieu de dialectique et d’érudition, il saisit, en quelques pages, ce qui, il n’y a pas plus de quatre ans, eût exigé pour des publicistes de profession un in-folio.


I. Négation traditionnelle du Gouvernement. — Émergence
de l’idée qui lui succède.


La forme sous laquelle les premiers hommes ont conçu l’ordre dans la Société, est la forme patriarcale ou hiérarchique, c’est-à-dire, en principe, l’Autorité, en action, le Gouvernement. La Justice, qui plus tard a été distinguée en distributive et commutative, ne leur est apparue d’abord que sous la première face : Un Supérieur rendant à des Inférieurs ce qui leur revient à chacun.