Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/347

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même, s’il était possible que Henri V remontât sur le trône, ne reparaîtrait que pour affirmer, comme fit son grand-oncle en 1844, la Révolution. Elle est la nécessité en personne, tandis que vos constitutions, votre politique et votre suffrage universel lui-même sont des oripeaux de comédie. 1852 ne lui importe pas plus que 1854, 1849 ou 1848 : elle se précipite comme le torrent ; elle monte, comme la marée, sans s’inquiéter si vous avez eu le temps de fermer vos écluses.

À quoi sert d’escobarder avec la force des choses ? Les faits seront-ils changés ou amoindris parce que nous ne les aurons pas prévus ? et parce qu’il nous plaît de fermer les yeux, notre sécurité en sera-t-elle plus grande ? Politique d’insensés, que le Peuple jugera avec amertume, et dont la bourgeoisie payera les frais.

Pour moi, libre de toute compétition ambitieuse, dégagé de passion égoïste, mais trop éclairé sur l’avenir, je viens, comme en 1848, et dans l’intérêt de toutes parties, proposer la transaction qui me semble la meilleure, et je demande acte de mes paroles. En 1789, tout le monde était révolutionnaire, et s’en vantait ; il faut qu’en 1852 tout le monde redevienne révolutionnaire et s’en félicite. Serai-je donc toujours si malheureux, que la Révolution, sous ma plume, paraisse d’autant plus effroyable, que le tableau en est plus vrai ?…

L’Humanité, dans la sphère théologico-politique où elle s’agite depuis six mille ans, est comme une société qui, au lieu d’être jetée à la surface d’un astre solide, aurait été enfermée dans une sphère creuse, éclairée à l’intérieur et chauffée, comme le monde souterrain de Virgile, par un soleil immobile au zénith commun de