Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/238

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cours ne peuvent adresser aucune réclamation à la diplomatie contre leurs oppresseurs ; la diplomatie les doit tenir au contraire pour turbulents et rebelles.

» 11. Les princes protestants gouvernent comme ils l’entendent les églises réformées. Les princes catholiques font des concordats avec Rome, calculés de façon à soumettre, autant que faire se peut, l’Église à l’État, à moins qu’ils n’accordent plus à Rome, afin de mieux gêner et réprimer la liberté de leurs peuples. »


II. Droit public nouveau, selon le même.


« 1. La souveraineté absolue, c’est la souveraineté de la justice. Ni les princes ni les peuples ne la possèdent. Seuls, les plus savants et les plus vertueux d’entre les hommes ont le droit de l’exercer dans une certaine mesure.

» 2. Le gouvernement, pour être légitime, doit être consenti par les gouvernés, et accomplir la fin des sociétés qui est le progrès. Tout gouvernement qui manque à l’une ou à l’autre de ces conditions devient illégitime, et dès lors doit être changé.

» 3. L’État n’est point dans la personne du monarque ni d’aucun homme ; et ceux qui, dans les cours ou dans les congrès, représentent l’État, représentent la nation elle-même, les intérêts, les idées, les sentiments du peuple.

» 4. La liberté ou l’autonomie intérieure d’un peuple n’a point d’autre limite que celle qu’elle trouve dans la raison, et le principe de la non-intervention est absolu.

» 6. Les rapports civils se forment et s’élargissent, ou au contraire se resserrent, selon que la spontanéité et la nationalité y poussent.

» 7. Les conquêtes perpétuelles ne sont point fondées en droit ; mais beaucoup d’anciennes se sont faites légitimes par l’union des vaincus et des vainqueurs en une seule patrie. Pour toute permutation ou cession d’un territoire, il faut l’assentiment de ceux qui l’habitent.

» 8. Une seule tête ne peut porter plusieurs couronnes ; un peuple ne peut dépendre d’un autre ; une telle dépendance, quel qu’en soit le mode et quel qu’en soit le degré, est toujours illégitime.

» 9. La foi aux traités est pleine et irrévocable, pourvu qu’ils ne contredisent pas les principes éternels de la justice.

» 10. Aux traités généraux concourent tous les états qui les acceptent et les observent ; aux traités spéciaux, de plein droit, tous les états intéressés. Le suffrage de chacun d’eux est libre, égal, absolu.

» 11. Les peuples non reconnus ne possèdent pas moins un droit incontestable à faire entendre leurs justes réclamations.

» 13. L’Église et l’État sont séparés quant à leur autorité et à leurs charges, unis dans un même sentiment et dans un même zèle. Les