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CHAPITRE VIII


CRITIQUE DES OPÉRATIONS MILITAIRES : LA BATAILLE.


La bataille, où les armées se présentent en ligne, front contre front, et cherchent mutuellement à se terrasser, est l’acte suprême, héroïque, de la guerre. Tout se fait en vue de la bataille. C’est le choc qui décide de la destinée des empires, et qui, enveloppant vainqueurs et vaincus dans un manteau de gloire, doit les emporter, mêlés, confondus, vers un avenir meilleur. Voyons si le dénoûment de la tragédie répond à l’exposition.

Rappelons encore une fois les principes.

Une pensée de justice, ou pour mieux dire de judicature, est inhérente à la guerre. Elle consiste en ce qu’à certains moments du développement humanitaire, des nations, jusqu’alors paisibles, tendent, par la nécessité de leur situation, et pour une fin supérieure, à s’absorber ; qu’en conséquence elles entrent en conflit ; et que, l’incorporation devenue inévitable et l’heure ayant sonné, la suprématie appartient de droit à la puissance la plus forte. C’est le renversement de ce qui se passe dans l’ordre ci--