Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/103

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croyances, chacun redemande à l’Eglise qui un remède à la corruption, qui un préservatif contre la révolution sociale. La bourgeoisie, quel heureux symptôme ! après un siècle d’indifférence, se prend tout à coup de ferveur religieuse. Elle avise que la religion peut être utile à ses intérêts : aussitôt elle demande de la religion, beaucoup de religion. Une commandite s’est organisée dans son sein, pour la restauration des idées religieuses. Christ a été appelé au secours des dieux bourgeois, Mammon, Plutus, Porus et Fœnus. Christ n’a pas répondu ; mais l’Église, orthodoxe et réformée, s’est empressée d’accourir. Après les fameux petits livres de la rue de Poitiers, nous avons eu les conciles de Paris, Lyon, Bordeaux, les mandements des évêques, les sermons des curés, les prêches des ministres. Un jour ils chantèrent pour la République ; la fortune tournant, ils se prononcent, en parfaite sécurité de conscience, contre la Révolution.

Ainsi la vieille société est fondée sur la théocratie. Le fatal dilemme revient toujours, Catholicité ou Liberté. Les jésuites le savent, et c’est ce qui les rend seuls forts dans l’église, comme les socialistes sont seuls forts dans la Révolution. En vain les jésuites sont désavoués par les évêques : ne vous fiez pas à ces gallicans, doctrinaires de l’état ecclésiastique, plus jésuites en cela que les jésuites. La théocratie papale, vous dis-je, est la dernière ressource de la contre-révolution.

L’Eglise, appelée par l’état, pourrait-elle donc lui fournir l’idée mère, irréformable, L'aliquid inconcussum que poursuivent tous les pouvoirs, et dont l’image mobile, semblable à ces feux nocturnes