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qui égarent le voyageur, les attire l’un après l’autre au fond de l’abîme ?

Je le nie. Je soutiens au contraire que le principe de tout gouvernement est identique et adéquat à sa donnée historique, et ma raison est péremptoire : c’est que, hors la loi même du mouvement, tout est mobile dans la nature et dans l’humanité, la religion, conséquemment l’Eglise, comme tout le reste. Ce qu’on nomme repos, station, immobilité, est un état purement relatif : en réalité, tout pèse, tout se meut, tout est en perpétuel changement.

Afin de rester dans mon sujet, et pour édifier mes lecteurs sur cette question capitale de la mutabilité des idées religieuses , je consignerai ici les propres paroles d’un vieux prêtre, aussi savant qu’orthodoxe, à qui je demandais son opinion sur le mouvement de la société et l’immobilisme prétendu de l’Église. Si, lui faisais-je observer, la civilisation, à l’instar de tous les organismes, éprouve une métamorphose incessante, comment accorder avec elle l’immobilité de la foi ? Et si la foi est emportée dans le même mouvement, comment croire à sa céleste origine ? où est sa vérité, son authenticité, sa certitude ? Êtres changeants, qu’avons-nous à faire d’une institution soi-disant immuable ? Serviteurs d'une loi comme nous transitoire, au contraire, qu’avons-nous besoin, pour la suivre, d’autorité ? Ma transition, c’est ma révélation ; et tout ce que j’affirme, dans le cercle de ce mouvement, est suffisamment juridique et divin. Il y a contradiction entre la destinée de l’homme et ce que vous prétendez être sa règle ; en deux mots, entre la révolution