Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/106

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rel, elle a paru le produire elle-même, et qu’aujourd’hui, par un décret incompréhensible de la providence, le sens de la foi se fermant en elle, comme l’ouïe chez le vieillard, elle semble à la veille de s’en détacher. Le christianisme, après être monté, comme le soleil, sur l’horizon des sociétés pendant un certain nombre de siècles, nous est apparu un moment au zénith ; puis il est entré dans sa décadence, et l’humanité vieillissant, se corrompant ou changeant toujours, je ne l’examine pas, il a commencé de s’éteindre sous divers horizons. A cette heure, pour la majorité de la France, il a cessé d’exister. Cette révolution de la société, sous la lumière du Christianisme, il est facile de la démontrer, les fastes de l’Eglise à la main.

Ainsi, poursuivait ce prêtre, en ce qui concerne la hiérarchie, nous savons, par la tradition et l’écriture, que l’Église a passé par quatre états différents : la fraternité inorganique, ou démocratie pure ; le gouvernement des prêtres ou anciens ; la fédération épiscopale, et la monarchie papale. Ce n’est pas tout : l’Église, après s’être établie exclusivement dans la sphère du spirituel, a fini par envelopper le temporel : autant les apôtres se défendirent d’empiéter sur le droit de césar, autant les papes de la grande époque prétendirent soumettre les peuples à leur autorité. Depuis le 13e siècle, un mouvement en sens inverse s’est manifesté. Le temporel s’est distrait du spirituel ; l’état s’est scindé d’avec l’Église ; les princes ont voulu se rendre indépendants des pontifes, tenir de Dieu seul et directement leurs droits. Vers la même époque, les conciles se sont mis au-dessus des papes,