Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/344

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représentants, les contraignait encore, par impatience de la légalité et méfiance de leur patriotisme, à descendre dans la rue et à se suicider.

J’avoue, du reste, afin que l’on me connaisse et qu’on m’épargne à l’avenir des calomnies inutiles, que je n’ai point le caractère assez flexible, l’esprit et le cœur assez débonnaires, pour obéir jamais aux ordres d’une puissance occulte, travailler au profit de mes contradicteurs, me dévouer à ceux qui me haïssent, m’incliner devant le dogmatisme d’une douzaine de fanatiques, devenir, moi que le travail a doté de quelque raison, l’instrument aveugle d’une pensée dont je me défie, et qui ne se fait connaître que par les révélations de la police.

Je suis du parti du Travail contre le parti du Capital ; et j’ai travaillé toute ma vie. Or, qu’on le sache bien : de tous les parasites que je connais, la pire espèce est encore le parasite qui se dit révolutionnaire.

Je ne veux être ni Gouvernant ni Gouverné ! Que ceux qui, à propos des élections du 8 juillet, m’ont accusé d’ambition, d’orgueil, d’indiscipline, de vénalité, de trahison, sondent leur propre cœur, et qu’ils me disent si, lorsque j’attaquais avec tant d’ardeur la réaction gouvernementale, lorsque je sollicitais l’initiative du peuple, lorsque je proposais le refus de l’impôt, lorsque je voulais établir la démocratie socialiste dans la légalité et la constitutionnalité, ce n’était pas par hasard à leur ambition, à leur orgueil, à leur esprit de gouvernement, à leurs utopies économiques, que je faisais la guerre ?...

Maintenant, assez de douleurs, assez de ruines. Nous avons fait table rase de tout, des partis et du gouvernement. La légende touche à sa fin : que le Peuple ouvre les yeux, il est libre.

Nulle puissance, divine ou humaine, ne saurait arrêter la Révolution. Ce que nous avons à faire à présent n’est plus