Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/235

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Le point de départ d’une telle investigation doit être, selon nous, cet axiome : Moins l’homme est associé, plus il est libre ; plus il est heureux par conséquent. Le morcellement de l’association par groupes aussi petits, aussi indépendants que possible les uns des autres, voilà le principe de la liberté. C’est aussi celui de l’économie et du bon marché.

On croit généralement que la centralisation administrative et la réunion, sous une direction unique, d’industries fort disparates procure une réduction dans les frais généraux. C’est une erreur. Le morcellement n’a que faire de bureaucratie. Toute celle qu’emploie l’administration centrale est de trop.

Essayons d’un exemple de décentralisation dans l’entreprise la plus gouvernementale après le gouvernement, un chemin de fer[1].

1o Le service d’un railway exige d’abord l’entretien et la sécurité de la voie : c’est l’affaire des cantonniers. La compagnie rédige son cahier des charges, lui donne de la publicité, et invite les sociétés de cantonniers à traiter avec elle. Une fois les conventions arrêtées et la concession faite, l’organisation du service d’entretien et de sécurité ne regarde plus la société du chemin. C’est une section à rayer de l’administration centrale.

2o Une société de mécaniciens devient adjudicataire, soit directement, soit par soumissions au rabais, de l’entreprise de la traction, moyennant une somme de …, une quantité de coke de … et un matériel de … La compagnie du chemin de fer n’a plus qu’à veiller à l’exécution de son cahier des charges : quant au service, il ne la regarde pas.

3o Une autre société de mécaniciens devient adjudicataire des travaux de réparation à faire au matériel.

4o Le roulage ordinaire, c’est-à-dire l’industrie libre, reprend l’entreprise du transport des marchandises et du ca-

  1. Voir, sur toute cette matière de l’association, et en particulier de la société anonyme, sur ses abus, ses envahissements, sa mauvaise administration, ses spéculations, sa comptabilité, ses gaspillages, etc., l’ouvrage déjà plusieurs fois cité : Des Réformes à opérer dans l’Exploitation des Chemins de fer. Paris, 1855, Garnier frères.