prix du pain, aujourd’hui de 50 centimes le kilogramme, sera l’hiver prochain à 60 ; — que celui des vins dépassera, après vendange, 40 francs l’hectolitre, franc de droits ; — que tel navire, chargé de coton et attendu au Havre le 1er décembre, ne sera pas arrivé en janvier. De quoi se mêle ce brouillon ? Qu’il perde ou qu’il gagne, qu’en peut-il résulter pour le commerce ? Qu’est-ce que cela fait à la fortune publique ? Bien plus, n’y a-t-il pas déjà quelque chose de répréhensible à venir ainsi, sans but, sans utilité, sans motif sérieux, jeter le trouble dans les transactions ?
Les capitaux, comme toute espèce de marchandises, sont soumis à l’offre et la demande, et subissent les oscillations du crédit. Il est donc tout naturel et tout simple, lorsque le commerce, l’industrie ou l’hypothèque offrent à l’argent 5 et 6 0/0 d’intérêt, que les créanciers de l’État vendent leurs titres, et cherchent à placer ailleurs des capitaux qui, engagés dans les fonds publics, ne rapporteraient que 4. Pareillement, si l’argent regorge sur le marché, ou si le commerce et l’industrie n’offrent pas au capitaliste une sécurité suffisante, il est naturel encore qu’il reporte ses fonds sur l’État, et qu’il achète des rentes. Dans le premier cas, les fonds publics seront en baisse, ce qui sera un signe de prospérité générale ; dans le second ils seront en hausse, ce qui témoignera du défaut de confiance. S’il y a hausse partout à la fois, c’est que le capital surabonde, et que l’offre du détenteur dépasse la demande de l’entrepreneur. Telle est la signification normale des mouvements de la Bourse, en ce qui concerne les fonds publics.
Mais l’agiotage vient dénaturer cette signification, au point que le rapport est changé du tout au tout, et que dans l’immense majorité des cas, baisse de la rente à la Bourse signifie affaires mauvaises ; hausse de la rente, au contraire, bonnes affaires, tant pour le pays que pour le gouvernement. La raison de cette anomalie est qu’au lieu de voir dans la dette publique un déversoir assuré des capitaux disponibles, on s’est habitué à considérer l’État lui-même comme un grand entrepreneur de commerce, industrie, banque, salubrité, sécurité, etc., dont le crédit monte ou descend, sui-