Les Compagnies qui reçoivent des espèces les convertissent en titres portant intérêt ou même en immeubles.
La spéculation parasite n’a rien à voir avec ces valeurs, dont la rareté ou la fréquence des sinistres augmente ou atténue le revenu dans des proportions considérables, mais qui échappent à toutes les supputations. Toutefois, les Compagnies comptent généralement, dans leurs prévisions, que la somme de sinistres qu’elles auront à rembourser monte à 30 ou 40 0/0 de leurs recettes.
Plusieurs Compagnies, telles que la Nationale, le Phénix, la Générale, l’Union, l’Urbaine, la France, la Providence, forment entre elles, pour le maintien des primes, un comité d’entente que l’on peut fort bien regarder comme une coalition, de l’espèce défendue par la loi. Aussi, tandis que la Compagnie mutuelle pour l’assurance des bâtiments se contente de 15 c. p. 1,000, les Compagnies à prime fixe ne prennent pas moins de 40 c. Mais, telle est l’imbécillité du public et l’ineptie des administrateurs mutuellistes, que les particuliers vont de préférence au plus cher, jugeant apparemment qu’il en est de l’assurance comme des autres marchandises, et que plus ils payent, mieux ils sont assurés.
Lorsque l’esprit d’initiative qui sommeille en France aura pris son essor, l’assurance deviendra un contrat entre les citoyens, une association dont les bénéfices profiteront à tous les assurés, et non à quelques capitalistes, bénéfices qui se traduiront alors en une réduction de la prime à payer. Cette idée s’est déjà produite, dans le public et dans les assemblées délibérantes, sous forme de projet d’assurances par l’État. C’est la voie naturelle à toute innovation, puisque nous ne savons rien entreprendre sans le gouvernement. Si nous en croyons nos renseignements, le projet serait déjà étudié, le travail fait, les décrets tout prêts. On dit même que les auteurs de ce projet se promettent de tirer des contribuables, par cette voie philanthropique, quelque chose comme 80 ou 100 millions ; et que plus d’un serviteur fidèle, que la pénurie du trésor n’a pas permis de récompenser de ses longs services, fonde sur cette impériale institution l’espoir de sa fortune et l’avenir de ses enfants. Qu’attend-on alors ? Il n’y a